Héraklée du Latmos est située sur les bords du lac Bafa dans un décor féerique de collines parsemées de rochers de grès et d'oliviers. Le lac Bafa a une superficie de 15 000 ha (15 km de long sur 5 km de large), il se trouve au cœur d'un parc national de 13.000 ha, domaine des oiseaux migrateurs : canards, cormorans, flamants roses et surtout pélicans frisés (espèce en voie d'extinction, il en reste seulement 2000 dans le monde).

A l'époque grecque, le lac Bafa était ouvert sur la mer, la baie du Latmos que le fleuve Méandre a, peu à peu fermé avec ses alluvions. Le premier étabissement humain remonte au Ier millénaire av. J.C., des Cariens sont venus installer au fond de la baie une cité fortifiée. Strabon rapporte que la ville s’appelait d’abord Latmos, du nom de la montagne au pied de laquelle elle se trouve. De 498 à 494 av. J.C., Latmos prit part à la révolte des cités ioniennes contre les Perses. Au 4ème siècle av. J.C., le roi de la cité, Mausole, pousse ses citoyens à abandonner la ville et à s'établir un peu plus loin sur la rive pour fonder le port d'Héraklée. Alexandre le Grand la libéra de la tutelle des rois Cariens d'Halicarnasse. La nouvelle cité connaît son apogée pendant la période hellénistique, surtout aux 1er et 2ème siècles. Elle se couvre de beaux monuments avant que le fleuve Méandre ne ferme la baie. Quand Héraklée est coupée de la mer, elle décline; mais cet isolement va lui donner un nouvel âge d'or : au 7ème siècle, poussés du Sinaï par les Arabes, 300 moines Egyptiens viennent s'installer à Héraklée qui devient bientôt un évêché. Trois siècles plus tard, la venue de St. Paul lui donne un rayonnement exceptionnel, le mont Latmos se transforme alors en montagne sacrée, le refuge de moines bâtissant des monastères et d'ermites s'isolant dans des grottes creusées dans les rochers. En 1280, la conquête turque met fin à l'occupation chrétienne et Héraklée tombe dans l'oubli. La cité était fortifiée par un mur de 6,5 km qui suivait le relief des collines. Les fortifications furent construites sous Lysimaque en 267 av. J.C. On peut encore voir des restes du mur, des tours carrées et des portes perdues dans la campagne. Malgré le relief escarpé, la ville était construite sur un plan hippodamien, les rues se coupaient à angle droit.